Paul Morand disait dans «Bains de mer» que l’eau bleue des Açores était douce comme un ongle. La voix d’Eskelina, elle, aurait la douceur de l’ivoire chauffé au soleil. Capable, quand elle s'envole de chasser les nuages. Le deuxième album de la Suédoise contient treize jolies chansons bien carrées. Légères (L’emmerdeuse), coquines (Les Trois garçons), aigres-douces (Le cèdre) ou mélancoliques (Charlie Townsend), elles ne sont pas du dernier cri mais charment instantanément grâce au timbre d'Eskelina dont l’accent fait l’empreinte et leur donne cette clarté, unique en France, blonde, franche et sensuelle. Précieuse voix qu’il ne faut point camper sur des sentiers trop balisés, mais laisser aller pour qu’elle se déploie. Alors quand la jeune femme interprète Quelqu’un comme toi, seul titre du disque portant sa signature, on devine aussitôt que c'est dans les choses de l’amour, chantées à la guitare, que se dressera son bonheur. Et le nôtre.
Baptiste Vignol