Le jour où Bécaud reviendra



Deux superbes images tirées du documentaire de Marie-France Brière «Bécaud, mon père» diffusé sur France 3 le 27 décembre 2016 à une heure de fin de soirée où les jeunes gens qui auraient pu découvrir le génie, la force vive et la profondeur de Bécaud avaient, comme on les comprend, d'autres choses à faire que d'être encore plantés là, devant leur téléviseur... Et pourtant ce beau film illustré de témoignages de haute tenue (Emily et Kitty Bécaud, la fille et l'épouse, Charles Aznavour, Julien Clerc, Alain Souchon...) et de vidéos personnelles du chanteur au fil desquelles on le voit travailler avec ses paroliers, fumer, rire et voyager de part le monde aurait mérité une case plus familiale en ces temps de fêtes de Noël. Les directeurs d'antenne sont des ânes qui ne connaissent rien des goûts des téléspectateurs ni ne soupçonnent leur curiosité. Désormais, pour ces gens-là, du service public, la chanson française est née avec la mort de Claude François, auquel, hélas pour eux, TF1 consacrera le 14 janvier prochain un primetime! Pas d'anniversaire en vue, non, mais un carton commercial réalisé par M. Pokora avec MY WAY, son album de reprises. C'est de bonne guerre et ça vaut bien une soirée de gala. En refusant obstinément de ne rien miser sur la qualité, la mémoire et la sensibilité des Français pour leur culture populaire, celle qui sut charmer la planète, la programmation proposée par les chaines de France Télévision depuis plusieurs années ne suscite que de vagues haussements d'épaules. Afin de commencer 2017 avec classe et des musiques du tonnerre dans la tête, il reste deux jours pour visionner l'hommage à Bécaud sur ce machin qu'on appelle pluzz (c'est ici) et qui, pour le coup, a le mérite d'exister.

Baptiste Vignol