TROPIQUES, en 2013, la plaçait parmi les reines en devenir, féline et orageuse. GRAND AMOUR, son deuxième recueil, est d'autant plus bluffant qu'il confirme l'impression première, l'entérine. C'est à poil que Maissiat s'y plonge, à seule voix, pour une fervente ouverture, portique de l'édifice. Puis ses airs la couvrent d'étoffes mélodieuses. Mais avait-on depuis Bardot, la divine de Jean-Max Rivière et Gérard Bourgeois, l'offerte sous le soleil…, avait-on glorifié le désir cru, l'impatience, l'adoration («Je vous veux / J'avoue j'en suis malade», Ce bleu sentimental), les parfums riches et triomphants («Ton odeur, un bouquet d'épices / Que tu m'accroches en boutonnière», Bilitis), l'inconnu, le mystérieux, avec autant de poésie («Je rêve d'une amie nue sur la baie d'Athènes / Arrachant à la mer trois baisers par semaine», Hypnos) ? Autant de don de soi: «C'est le récit d'un amour fou / C'est une saga / Une île sans vocabulaire / Une vie à te plaire / À t'aimer sans tabou...» (Swing Sahara). Depuis la sortie du disque en mars 2016, nul n'a manqué d'évoquer François Hardy, William Sheller, Barbara ou Daho pour situer Maissiat. Et c'est raison. Parce qu'assumé. Si l'on croit à ce GRAND AMOUR, c'est qu'on croit à sa sincérité quand Maissiat promet, par exemple, qu'«il est dans chaque mot signifié que je t'aime». L'alexandrin. Et l'on ne peut pas ne pas croire en Maissiat parce qu'on ne peut pas ne pas ressentir une vive admiration pour son écriture et son inspiration. C'est la victoire de ces dix chansons romantiques.
Baptiste Vignol