L'aisance d'une chanson


Ciel, ces instants rares où le talent éclôt, incarnant avec grâce un possible futur. La première télé de Juliette Armanet, dans C à vous, mardi 19 avril, avait cette magie, ce pouvoir d'arrêter le temps, un peu. Une jeune femme assise à son piano et qui rappelle que la chanson, plus ça semble fragile, plus ça touche. Souvenons-nous, les premières apparitions de Barbara sur le petit écran, unique et féline, le feu dans son regard. Juliette Armanet possède cet éclat, tout en retenue, cette faculté de convoquer à la fois le souvenir divin de Sanson, de Sheller, de Christophe, de Françoise et de Michel B sans en être la copie, ni l'enfant, mais une nouvelle lune. Dans l'azur de la pop française. Car la voix de Juliette Armanet n'a rien à leur envier. Onde cristalline, claire comme la nappe argentine d'un humble ruisseau sur lequel glissent de doux rayons… Et puis cette syllabe qu'elle avale et qu'elle saute-mouton sans se démonter. Son sourire de fin. Ce petit rire coquin. Et cette façon de chanter «ouais». Jamais personne ne l'a prononcée avec autant de charme, cette interjection-là. Voilà donc une artiste neuve à suivre. Ça fait du bien. 

Baptiste Vignol