Étoile vivante


Ce qui charme d'emblée avec Emma Daumas, c'est la douceur de son sourire, la franchise du regard et la clairvoyance retrouvée d'une jeune femme de trente-deux ans qui fut engloutie, en 2003, au sortir de l'adolescence, par l'univers impitoyable de l'ancienne Star Académy (avec un y), essuyant en quelques trimestres, portée par un tube FM imparable, Tu seras, plus de violence, de joies et de cabrioles qu'une Liane Foly de variété en trente ans de carrière. 
Lâchée par son label en 2009, la Provençale s'est retirée au Brésil où elle peut jouir d'une maison familiale dans un petit village au bord de l'océan. De quoi réfléchir tout en prenant son temps, écrire au soleil, composer des chansons nouvelles et faire un enfant… Quelques semaines avant la sortie d'un prochain EP, VIVANTE, Emma Daumas vient de publier un roman presque autobiographique de 350 pages. Le livre qu'elle aurait probablement aimé lire quand elle avait dix-huit ans, qu'elle habitait Avignon chez ses parents et qu'elle rêvait d'intégrer le château de Damary-lès-Lys, aujourd'hui à l'abandon et dans un état lamentable, tout comme de nombreux ex-candidats de la Star Ac et autres tv-crochets à qui l'on promit l'Amérique... «Si vous alliez Madame au vrai pays de gloire, sur les bords de la Seine ou de la verte Loire…», chantait Baudelaire à sa Créole. C'est un peu l'histoire d'Annabelle, l'héroïne du roman, seize ans, et de son avatar, Bella, sur-maquillée à l'antenne et juchée sur des talons trop hauts. Car tout, tout, tout dans cette chronique d'une mort annoncée se love, love, love dans le titre céleste trouvé par l'auteure, Supernova: « explosion spectaculaire d’une étoile massive qui, vidée de sa substance, s’effondre sur elle-même… ». Tout un programme. Le genre de bouquin superglu qu'il ne faut surtout pas ouvrir si l'on a une charrette sur le dos.

Baptiste Vignol