Certaines chansons en marche sont impossibles à stopper, elles s'écoutent jusqu'à l'ultime note: Manon de Gainsbourg, Il n'y a plus d'après par Gréco, La Folle complainte de Trenet, Bahia de Véronique Sanson, Ton héritage de Biolay, Lindberg de Robby Wood, quelques coulées de Murat, Le venin, Gorge profonde, Nu dans la crevasse, Le voleur de rhubarbe… Le Bas-Auvergnat qui, de son aura magmatique, idéalise aujourd'hui un dialogue avec Rose, Pour être deux, qu'on ne peut arrêter lui non plus. Non contente d'offrir à la chanson française ce bouquet parfumé d'étoiles mortes (Rose en est la parolière sur une musique de Loane), la Niçoise toute en cheveux intègre par-dessus le marché le ballet des fées auxquelles la plus belle voix masculine du pays consentit ses bonnes grâces: Camille, Isabelle, Élodie, Armelle, Marie, Mylène, Jennifer, Morgane et Carla. Un petit film montre l'apothéose en studio. Cette nonchalance de Murat, chargée de finesse féline. Qu'il chante et tout s'éclaire. Trois minutes et deux bises plus tard, sans effusion, la piécette se trouve dans le panier. E finita la commedia.
Baptiste Vignol