Chanteur de choc


Essentiel, voilà l'adjectif qu'il faut accoler à LA MAISON HAUTE de Bastien Lallemant sorti début 2015. Chanceux qui le découvrira. Intraitable dans sa qualité, tous les mots y sont à leur place, nombreux, variés, forts ou fins. Depuis combien d'années n'avions-nous pas entendu chose aussi belle, pleine d'espoir et cependant terrifiante que Le vieil amour, chantée avec Françoiz Breut ? Mais Un fils de Dieu jouit également d'une résonance inouïe: «En votre nom, Père, j'ai commis l'abomination / Et pas un mot depuis, plus un bruit, plus un... » Comment ensuite ne pas s'émerveiller du long plan fixe d'Au loin la côte, de l'écriture nette des Ombres, de l'éclatante vastité d'Un million d'années, de l'issue glaciale du Fossé ? LA MAISON HAUTE n'est pas un disque difficile mais d'une grande délicatesse qui confine au raffinement, c'est un album obsédant qui se chante, jamais verbeux, qui s'écoute les yeux fermés et dont les trouvailles autant que le soin parfait des détails éblouissent. Il est bien sûr tentant d'évoquer Serge Gainsbourg. Mais Lallemant est un maître, il n'imite pas.

Baptiste Vignol