L'ancêtre de Florent Marchet


Qui suis-je ?
«En 1977, je produis FUTUR FICTION FANTASTIQUE, 33 tours viré SF dont le visuel était réalisé par Moebius…  
Prélude d'apocalypse : "Vinrent, cette année-là,/ Des temps étranges,/ Des chaleurs, des frimas,/ Des pluies, des fanges…" (Les temps étranges
Plus vieux encore, en 1967, je chante dans Le voyageur de rayons: "Je suis voyageur de fictions:/ Demain est ma destination". La pochette psychédélique du 45 tours [MON NOM] CHANTE L'ESPACE était l'œuvre de Guy Peellaert, qui travaillerait ensuite pour David Bowie et The Rolling Stones.
Aujourd'hui, c'est au tour du chanteur Florent Marchet, né à Bourges en 1975, de jouer au futurologue qui parle "de choses étranges" (Reste avec moi). Sur BAMBI GALAXY, son quatrième album, il apparaît, photographié par Olivier Metzger, debout sur un monticule de terre rouge, comme s'il était tombé sur Mars…
Moi qui ai tant aimé écrire des chansons de genre fantastique, je me réjouis que le futur, aussi terrifiant soit-il, continue d'enrichir notre imaginaire. 
"Je crois qu'il est l'heure de quitter ce monde menteur" (Space opéra) fait dire de sa voix lactée Florent Marchet au narrateur de sa folle odyssée qui confie également: "J'entends des prières venant du futur…" (Que font les anges?Mal à l'aise dans ce monde exigu, peinant à se trouver une place, littéralement bouffé par la société, "Adieu le béton,/ Adieu les textiles/ Adieu les moutons/ Broyés dans la ville" (Héliopolis) [un angle que j'avais moi-même abordé sur FUTUR FICTION FANTASTIQUE: "Les collines d'acier de la Ville lumière,/ Parfois montrent les dents/ Elle traquent, dit-on, des hommes ordinaires/ Qu'elles trainent dedans…"], le jeune père de famille incarné par Florent Marchet embarque avec femme et enfants dans l'Apollo 21 le 21 juin 2045. "Je cherche l'odeur de notre maison en reniflant les vêtements de la valise. On est tous très silencieux. On pense à nos amis, à ceux qui sont restés; ceux qui attendent leur tour…" 
Marchet n'invente rien, ni dans le fond, ni dans la forme. L'espoir fou de fendre l'univers, cet infini sans nombre, demeure le même que celui qui me pilotait en 67/77; pourtant BAMBI GALAXY est une œuvre dense à la poésie captivante. 
Partir, puisque "la vie sur Terre est minuscule" (La dernière seconde), pour fuir "cette boule de cons" (Apollo 21) où l'ennui, le stress, l'étouffement chargent de leurs poids les existences brumeuses; partir, tout en sachant, comme l'affirmait déjà Hugo, que l'avenir n'est qu'un "fantôme aux mains vides, qui promet tout et qui n'a rien!
Le passage à l'an 2000 devait consacrer pour la génération dont est issu Marchet son lot de promesses grandioses. Quatorze ans plus tard, cette date ne symbolise plus qu'une cargaison d'illusions envolées… 
Nul n'ignore désormais que l'humanité court à sa perte. 
En 1967, bien conscient que la planète, tôt au tard, tournerait dans le silence, j'entonnais de ma voix voilée : "Sur la Lune, il y a des enfants/ Qui regardent la Terre en pleurant:/ “Savez-vous qu'autrefois,/ Y avait des gens là-bas?/ Mais depuis l'grand éclair,/ Il n'y en a pas.”
Né en 1930 au Caire, j'obtiens le diplôme d'ingénieur des Ponts et Chaussées à l'âge de vingt-deux ans.
En 1957, j'abandonne mes recherches sur la dislocation des cristaux pour me lancer à corps perdu dans la chanson dont on a dit que j'étais l'un des grands B.
Je suis, je suis…»


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(Une lettre fictive de Baptiste Vignol)