Ripe de là!


Georges Moustaki ne manquait pas de détachement. Sans doute a-t-il souri s'il a eu vent du tweet obscène de Pascal Nègre. Qu'un charognard dirige, et depuis 1998, Universal Music France explique en partie la mort du disque... «La seule ombre qu'on ait, c'est l'ombre du vautour / Qui traverse le ciel cherchant sa proie immonde...» Du chiffre et de la rentabilité, d'abord, toujours, au détriment de l'émotion qui seule bâtit des œuvres. Mais plus que l'aspect définitivement mercantile de Pascal Nègre, c'est le dernier mot de son tweet auto-promotionnel qui tue. RIP (voulait-il taper RIB?), pour «Rest in peace». Quand on prétend saluer un poète qui porta si haut la langue française à travers le monde. Il est vrai que depuis quelques années, cette abréviation pollue la toile de son sentimentalisme bon marché. Pourtant, «Tristesse» ou «Peine» seraient appropriés, tout comme «Qu'il repose en paix» puisque c'est de cette formule qu'il s'agit. Les Français ont un tel problème avec le religieux qu'ils pensent plus chic d'abréger leurs condoléances à l'américaine, alors que ce mot vient d'abord du latin «Requiescat in pace». Et ça, Nègre l'ignore, autant qu'il méprise les artistes, dont il n'oublie jamais de tirer bénéfice.

Baptiste Vignol