UMP (Union des Musiques Pourries)


Mais que se passe-t-il à l’UMP ? Mireille Mathieu, Faudel, Enrico Macias, Johnny, Gilbert Montagné, Didier Barbelivien…. Nous connaissions déjà les vedettes de la chanson proches de notre président ; relations qui tendraient à démontrer les goûts douteux de ce dernier en matière d’art en général et de musique en particulier (je ne parle pas de Carla, le cœur a ses raisons…).
Et voilà que débarque le Clip ( lip dub) des jeunes du parti. Il faut voir et entendre ça. C’est d’un autre âge, mais pas seulement démodé. En 1980, un être humain normalement évolué et doté d’une oreille correcte aurait immédiatement repéré, déjà à l’époque, que c’était de la MERDE. (Oui, je suis trivial, mais ça le mérite).
De là à induire que pour être sensible aux idées de droite, il convient d’être, au moins, partiellement sourd, il n’y a qu’un pas. Ce pas, je ne veux pas le franchir. En particulier par égard pour Gilbert Montagné qui se verrait alors affublé d’un surplus de travail dans sa mission gouvernementale d’intégration des personnes handicapées.
Si l’ambition de cette incommodante rengaine UMPénienne était de rendre hommage au regretté C.Jérôme ou de réhabiliter le style de Sheila et Ringo, c’est encore raté ! Le texte de cette bouse fraîche ne peut rivaliser avec le charme désuet des tubes de l’époque. L’auteur de Laisse les gondoles à Venise est un incommensurable génie à côté de l’imbécile contemporain qui ose écrire pour célébrer l’UMP l’ineptie suivante «Il n’y aura pas de fin du Monde, la vie est une éternité». Je ne vais pas me rabaisser à décortiquer la crotte verbale que je viens de citer, je ne sais par quel bout la prendre tellement elle est dégoulinante de bêtise. Je crois que cette seule phrase dans une dissertation de philo mériterait que le devoir entier soit couronné d’un illustre zéro. Qu’un ministre ose cautionner une ânerie semblable me troue le cul. (Oui, je suis vulgaire, mais ça le mérite.)
J’aimerais également souligner cet autre vers (ah ! les grands mots) aussi mémorable qu’incorrect «À chaque jour l’avenir recommence». Dieu merci, ils n’ont pas demandé à Luc Chatel, ministre de l’éducation nationale, de fredonner cette absurdité grammaticale. Mais pour un gouvernement qui s’interroge sur l’identité nationale et veut imposer aux étrangers de parler notre langue, ne serait-il pas judicieux de commencer par donner l’exemple en chantant dans un français tout simplement français ?
Je n’avais jusque-là parlé que du son. Car malheureusement, il y a l’image aussi. Je ne discute pas la manière de filmer, tout le monde a le droit de commencer une école de cinéma et de s’apercevoir en cours de route qu’il n’était pas fait pour ça. Je parle de cette livraison de balais qui s’est faite au siège juste avant le tournage. Pourquoi les avoir introduits ? Hé, les jeunes militants, il faut vous décontracter du gland. (Oui, je suis grossier, mais c’est pour leur bien.) Moi qui suis antidrogue, j’ai soudain une sympathie sans borne pour les fumeurs de Gandja, les poètes alcooliques, les utopistes, les rêveurs décadents qui libèrent les mots et jonglent avec les idées. «Tous ceux qui veulent changer le monde, venez marcher à mes côtés», c’est ça votre révolution ? Vous voulez marcher ? Et aux côtés de qui s’il vous plaît ? Vous voulez changer le monde avec l’UMP ? Comment peut-on être jeune et se retrouver dans ce message vide, se reconnaître dans cette propagande sans ambition ? Ça me troue le troufignon ( Oui, je suis jeux de mots, c’est mon défaut.)
Il faudrait être un crétin patenté pour ne pas vouloir changer le monde. Autant qu’il faut être crétin pour ne pas voir que cet hymne de l’UMP n’a que l’ambition de plaire à tout le monde qui vote. Ce n’est pas un engagement politique, c’est un chant de messe. On va chanter, on va danser, il y aura de la fraternité, des chemins de liberté, on vivra d’amour, on mourra d’espérance. Et comme à la messe, il faudra espérer que le salut vienne du ciel. Ces jeunes militants ne sont que des croyants entonnant le cantique. Ils ne changeront rien bien au contraire, ils continueront, fidèles moutons, à soutenir inconditionnellement leurs chefs spirituels dans tout ce qu’ils diront. En politique, seule l’action a de la valeur et ces petites prières partisanes sont ridicules. Je vous dispense de la rime qui me vient à l’esprit et qui résume pourtant, concernant cette tentative maladroite de manipulation mentale, le sentiment qui m’habite.

Vincent BaguianJustifier