Ce concert était un moment inouï, 3 heures de tubes fluorescents et incandescents, une communion immense de l’artiste, heureux d’être là devant un public conquis, conscient de vivre un petit moment de l’histoire du rock partagée par le monde entier. Ce soir-là Bercy est bondé, plein comme une casserole de lait bouillant. Débordant de chaleur. À ma droite, une jeune fille et son père. Elle craignait que Sir Paul ne chante que ses derniers albums solo. J’avais lu dans Le Parisien (dans lequel je ne lis pas que l’horoscope) qu’il chanterait tout de même quelques airs des Beatles. Je lui ai dit. Elle m’a assuré que si j’avais raison ce serait la plus jolie nouvelle du monde et de sa (courte) vie. On sait comme les jeunes adultes ont cette propension à déclarer unique chaque moment intense de leur existence. J’espère avec elle. Parce que depuis les Wings, je ne sais rien de Paul. Rien de sa musique, de ses nouvelles compositions. Mon horloge s’est arrêtée aux albums tricolores. Un bail. Je me souviens du récent concert de Dylan, mon idole de jeunesse, qui a réussi en l’espace de 90 minutes de concert à ne délivrer aucu tube de son répertoire. Une purge digne d’un match au Parc des Princes, durée comprise. J’angoisse. Et là… Il arrive, salue et attaque par Mystery Tour cette soirée qui sera un immense hommage aux Fab 4. Un fabuleux tour de « passe passe moi le chef d’œuvre suivant que je leur offre ». La fille m’étreint de bonheur devant son père amusé. J’étais un bon oracle. Elle me devait bien ça... À ma gauche, un autre père et son fils autiste. Ils ont fait le voyage de Marseille pour la circonstance. Le garçon doit avoir dans les 20 ans. Je l’observe du coin de l’œil. Il apprécie le spectacle. Ses gestes ne sont pas d’un rythme académique mais il exulte en bougeant la tête et en souriant benoitement. Comme un bienheureux. Il l’est. Bien et heureux. Paul enfile les tubes en s’amusant de notre intense plaisir. Les people sont bien là. Ils crient leur joie comme les autres. Gerbes de feux sur Live and Let Die, l’agent de sa Majesté joue les pyromanes dans une salle qui chavire. Puis le show se fait plus intime. La fin se profile. Paul apparaît sur scène après que ses musiciens se sont éclipsés. Il est toujours sobre et élégant comme un Lord anglais. Un assistant régie s'approche et lui tend un ukulélé. Paul s'en empare, le retourne et sourit. Puis il raconte l'histoire qui précède la chanson. Un moment avec George. C’était il y a longtemps. Il avait un petit air dans la tête et juste ce petit instrument pour en faire la démonstration. Alors il gratte les cordes fluettes pour nous montrer ce que ça donnait en prévenant... : "Hommage à George".
La vidéo est une captation maladroite mais le document est magnifique, rempli d'émotion. D'abord la musique légère, accompagnée de la voix de Paul, telle que cette soirée de jadis. Il est enfermé dans une lumière crue. Seul sur scène, il égrène sa mélopée. Puis un autre instrument rajoute une ponctuation musicale, un autre guitariste apparaît sous une douche de lumière. Un troisième faisceau allume un troisième instrument pour poursuivre en apothéose. L’orchestre est à présent au grand complet et Paul a trusté son ukulélé contre une guitare. Il balance la chanson, la vraie, l’éternelle. Puis arrive l’ultime rappel. La salle retient son souffle. Il est 23h30. Les paris sont ouverts tandis que les pieds martèlent le sol devant la scène vide. Je mise pour Love Love Love (avec l’intro en Marseillaise, je trouvais que ça faisait sens. Et puis… Love quoi !). Paul arrive dans une lumière bleutée, guitare acoustique à l’épaule. Un seul accord et mon jeune voisin autiste de gauche sourit. Il chante dans un play back quasi parfait. Et ne mâchera pas une seule parole de Yesterday, n’oubliera pas un traitre mot de la chanson qui lui a redonné la parole. Paul est décidément le plus grand des magiciens. Strawberry Fields Forever !
Xavier Cucuel
Something for George
La vidéo est une captation maladroite mais le document est magnifique, rempli d'émotion. D'abord la musique légère, accompagnée de la voix de Paul, telle que cette soirée de jadis. Il est enfermé dans une lumière crue. Seul sur scène, il égrène sa mélopée. Puis un autre instrument rajoute une ponctuation musicale, un autre guitariste apparaît sous une douche de lumière. Un troisième faisceau allume un troisième instrument pour poursuivre en apothéose. L’orchestre est à présent au grand complet et Paul a trusté son ukulélé contre une guitare. Il balance la chanson, la vraie, l’éternelle. Puis arrive l’ultime rappel. La salle retient son souffle. Il est 23h30. Les paris sont ouverts tandis que les pieds martèlent le sol devant la scène vide. Je mise pour Love Love Love (avec l’intro en Marseillaise, je trouvais que ça faisait sens. Et puis… Love quoi !). Paul arrive dans une lumière bleutée, guitare acoustique à l’épaule. Un seul accord et mon jeune voisin autiste de gauche sourit. Il chante dans un play back quasi parfait. Et ne mâchera pas une seule parole de Yesterday, n’oubliera pas un traitre mot de la chanson qui lui a redonné la parole. Paul est décidément le plus grand des magiciens. Strawberry Fields Forever !
Xavier Cucuel
Something for George