Le beau clourant d'air !


Qu'elle chante l'amitié (Mon épaule), l'étouffement de l'enfance (Laisser l'été), le coup de foudre (À l'évidence), les contraintes familiales (Chant de Noël), les bleus au cœur (Bleus), le poids des secrets tus (Longtemps), l'amour (Cardigan) ou la violence d'un père (À l'arrière de la voiture), Clou le fait avec un sens de l'observation et du détail qui visent éminemment juste. Sur des mélodies folk et cotonneuses, ses paroles glissent et pétillent d'images, de trouvailles narratives et de références plutôt inhabituelles dans la chanson française (“Je relève mes cheveux / Et frôle ta peau avec mes yeux / J'ai le feu de Springsteen...”) que sa voix claire, volatile et veinée de bleu pâle enserre comme un écrin. “Ici bas tout est mystère” se désole-t-elle dans Gare de Lyon (une chanson sur les liens du sang, “Mon reflet soupire douc'ment / Ouais, j'ressemble à ma mère...”); c'est vrai, tout est opaque, sauf le disque que voilà, qui touche autant par sa vérité que par son écriture neuve et nette.

Baptiste Vignol