Un an à peine après son précédent album, PALERMO HOLLYWOOD, sorti en avril 2016, dont Biolay défendit avec panache les couleurs argentines sur les planches de la salle Pleyel, le tombeur est de retour, avec VOLVER, sur la pochette duquel il se présente amaigri, rajeuni, costumé tel un ministre en marche et coiffé comme un enfant de chœur. Seize chansons composent le CD. C'est six de trop, notamment celles où le chanteur rappouille... Au verso, l'emballage précise: «Palermo Hollywood Volume 2». Est-ce à dire que les morceaux qui se trouvent ici furent écartés du précédent? On peut hélas le penser. Si «Biolay bande encore» titrait un billet consacré à la sombre sensualité de PALERMO HOLLYWOOD, celui-ci s'appellera «Biolay met le frein à main» comme il s'en vante lui-même dans ¡Encore Encore! où, s'inspirant vaguement de Je t'aime moi non plus, il tente, si l'on en croit les applaudissements qui revêtent cette forfanterie, de se faire passer pour un étalon: «Même si la mer se retire / Moi je rentre et je sors / Un peu encore / Je rentre et je sors / Je mets le frein à main / Le frein moteur / J'accélère / Je sens battre ton cœur». Grotesque. Sous la plume fatiguée d'un Gainsbarre en fin de course, ce texte aurait fini chiffonné au fond d'une corbeille à papier avant même d'être terminé... Les plages se succèdent ensuite, à marée basse, et l'on aimerait pouvoir souffler au compositeur: «Les musiques, Benjamin. Les musiques d'abord!», tant VOLVER en manque, tant l'artiste se caricature, ce qui n'est pas bon signe. Et puis, comme souvent avec l'énergumène, BB dégaine la perle, on en compte deux ici, qui mettent tout le monde d'accord: La Mémoire et Sur la comète. Alors on pense: «Putain, le talent...» Et l'on se souvient d'un vieux duo de Gainsbourg avec Catherine Deneuve, et de son titre, qui, en le détournant quelque peu, demanderait, comme une prière, au futur coach de La Nouvelle Star: «Souviens-toi de ne pas t'oublier.»
Baptiste Vignol