Le chanteur casqué II


«Le fide aurait suffit» gémit Julien Doré dans Sublime et silence, sa toute nouvelle chanson. Le fide? Puis l'on comprend, si l'on est curieux et qu'on cherche les paroles sur internet, qu'il s'agit en réalité du vide! «Le vide aurait suffit.» Ah… Doré souffrirait-il d'un défaut de prononciation? Les mots «ivresse» et «rivière», dans ce même morceau, ne lui posent pourtant pas de difficulté particulière… Allez comprendre. Mais rien ne semble pouvoir se passer de commentaires dans l'œuvre de Julien Doré. Tout parait déborder, en dégoulinade. Éperdument romanesque, cet artiste a le chic de tourner les meilleurs sentiments, comme on le dit des sauces. Si l'on a bien saisi l'affaire, le deuxième extrait de son futur album est une chanson triste. Et c'est drôlement difficile de ne pas pleurer sur les chansons tristes de Julien Doré. Alors on se promet de se retenir, de ne pas chanceler cette fois, d'avoir du caractère. Sauf que voilà, après une minute de lamentations, Julien lâche: «Fiolence et promesse / C'est tout c'que tu détestes / La mort aussi»! C'est vrai quoi, l'inconfénient d'être mort… On dirait du Cioran. Alors on flanche, car c'est plus fort que nous, dans un délicieux fou rire dont même Avec le temps de Léo Ferré ne saurait assécher les larmes. Le génie des boute-en-train. Vivement le clip.

Baptiste Vignol