Non mais quel pataquès! Un peu comme si l'on apprenait qu'en 2012, Renaud, dans le pseudo-secret de l'isoloir, avait voté UMP, ou bien qu'Étienne Daho dînait depuis belle lurette à la table des Sarkozy… Imaginez le tollé. Il y aurait de quoi monter un bûcher. Depuis une semaine, nourri par des butors qui n'imaginent sans doute pas vieillir sans verser dans l'indignation, c'est haro sur Jean-Jacques Goldman et sa chanson pour les Restos. Joeystarr, l'homme qui voulait en 1995 aller à l'Élysée «brûler les vieux» (Mais qu'est-ce qu'on attend?), mais qui vingt ans plus tard initie François Hollande et ses commensaux au rhum haïtien, s'alarme: «Écoutez les paroles, on est presque sur les traces du FN», l'incontournable référence en ces temps de chienlit où l'imagination a perdu le pouvoir. Est-on sérieux? Merde. Goldman! À ce point perdu? Il fallait donc oublier pendant quelques jours la famine au Soudan, les misérables qui dorment dans les rues de Paris ou le sort des Assyriens pour vomir sur une phalange de soi-disant caciques de la Variété qui en chœur, s'adressant aux «jeunes», les auraient exhortés à prendre le pli des nantis en leur chantant : «Tout ce qu'on a, il a fallu le gagner/ À vous de jouer, mais faudrait vous bouger!» Ouf! Les dieux veillent et c'est heureux! La France demeure un beau pays qui ne laisse rien passer. Pour éteindre l'incendie, Jean-Jacques Goldman a choisi de s'exprimer dans le «Petit Journal» en répondant aux questions d'Éric et Quentin. «Quoi, papa était réac?» Excellent comédien en plus, le Goldman! Quel salaud!...
Baptiste Vignol