La Grande Arnaque


Imaginons que Pascal Obispo ait révélé au journaliste du Parisien, Emmanuel «Moi Je» Marolle - qui est son plus grand fan par ailleurs: «J'ai enregistré des chansons comiques qui vont faire marrer le public!» Le scoop aurait été sympathique et d'une bluffante vérité. Mais Pascal Obispo ne plaisante pas, il se prend même très au sérieux. Sorti le 2 décembre 2013, son nouvel album, LE GRAND AMOUR, est probablement le pire disque de l'année. On hésitait un peu entre J'EMMERDE LES BOBOS de Sébastien Patoche et LES AMANTS PARALLÈLES de Vincent Delerm, mais là, Pascal les coiffe sur le poteau. Sans dèc. Tout y est parfaitement prévisible, sur-joué, redondant et daté. Les arrangements. Les thématiques. L'interprétation. Il faut l'entendre prononcer dans un gémissement plaintif et flûté «Arigato!». À pisser de rire. Le premier couplet du premier morceau résume le zozo: «Tout un monde qui s'écroule / Pendant que je chante / Une petite voix dans la foule / Trois minutes quarante, si peu importantes...» Avec une goutte d'inspiration, en soustrayant simplement cinq secondes à la durée évoquée, il s'offrait le luxe de débuter son disque avec un gentil clin d'œil à Sylvie Vartan, suggérant de façon lointaine son tube du printemps 67 2'35'' de bonheur des artificiers Jean-Michel Rivat, Frank Thomas et Jean Renard. Mais Obispo est un bulldozer, il fond sur la rime facile et crétinisante. Trop d'argent, d'excès et d'arrogance auront rayé son disque dur... La seule question qui vaille en matière de chanson est celle de savoir si l'on écoutera à nouveau tel disque qu'on vient d'acheter, parfois parce qu'on en a lu une critique dithyrambique. «Mélodies imparables, textes à fleur de peau, production choc, tubes en cascade... LE GRAND AMOUR est notre dernier coup de cœur de l'année» s'emballait Marolle dans un article daté du 27 novembre 2013. Ceux qui s'estiment volés peuvent adresser leur demande de remboursement au Directeur des rédactions du Parisien, 25 avenue Michelet, 93408 Saint-Ouen Cédex.

Baptiste Vignol