Maître Manoukian


Délicieux d'entendre André Manoukian raconter dans sa chronique matinale (Érudit Doudam - rien que le nom...) du 26 septembre sur France Inter, pour vanter le premier album de Laurent Lamarca, NOUVELLE FRAÎCHE: «Didier Varrod m’avait prévenu, ça n’est pas évident de trouver des nouveautés en français. [Déjà, André commence par un gros mensonge car Didier Varrod qui connaît par cœur la chanson n'a pas pu prononcer une telle bêtise, lui qui fut notamment le créateur d'une revue, "Serge", hélas disparue, qui mettait le focus sur une flopée de débutants talentueux.] Nous avons une des langues les moins musicales du monde, continue Manoukian, avant-derniers avant les Japonais, c’est dire… [Sait-il que Stromae affirme exactement le contraire? Alors on danse ayant été N°1 en Allemagne, en Angleterre, au Danemark, en Inde, en Italie, au Mexique, en Pologne...] D’un côté, des chanteurs à textes mais à la voix anémique [Dédé devrait en parler à BabX, Alex Beaupain, Jeanne Cherhal, Alexis HK, L, Loïc Lantoine, Maissiat, Thomas Pitiot pour ne pas citer les géants de la Chanson mais de «jeunes» artistes] et de l’autre, des chanteurs à voix aux textes indigents [c'est à sa collègue Barbara Carlotti, peut-être la plus belle voix française, ou bien encore à Camille, Pauline Croze, Jérémie Kisling, Cyril Mokaïesh, Philippe Uminski que cette analyse devrait plaire...]. Eh bien c’est fini: Lamarca a œuvré pour la réconciliation des genres, le retour de la musicalité dans la chanson française. [Ouf! Michel Drucker respire; lui qui cherchait désespérément quel débutant programmer dans son émission.] Ce Thom Yorke joyeux, ce Souchon croisé MGMT [un groupe américain de rock alternatif pour ceux qui n'auraient pas la science de Manoukian] a trainé sa guitare avec Camélia Jordana, composé pour Ycare, Luce [la crème, quoi] (dis donc, mon garçon [là, Manoukian ouvre une parenthèse dans son laïus], t’es pas en train de me piquer tous mes chanteurs de la "Nouvelle Star" ?) [cet emploi ridicule et pourtant si courant du possessif dans l'univers de la zizique, comme si les chanteurs de la Nouvelle Star, les pauvres, et tous les autres par ricochet, lui appartenaient]. Si on se met, conclue Manoukian, à avoir des jeunes chanteurs qui chantent en français des textes intelligents avec des voix bluesy et du gros son, alors là, je dis, on est les rois du pétrole.» Ce sont, pour faire court, les artistes programmés sur Inter qui doivent être soulagés d'apprendre que Lamarca va enfin élever le niveau d'une play-list qu'ils affadissaient. Rappelons qu'André Manoukian, en vingt-cinq ans de labeur, n'a composé aucune chanson franchement remarquable, sa dernière muse, Gaëtane Abrial, traînant comme un boulet le disque qu'il lui concocta, CHEYENNE SONG (2008). «Érudit» se dit-il.

Baptiste Vignol