Deux pages dans les Inrocks (n°822), le portrait de Libé (1/9/2011)... Eddy Mitchell est partout. L'ancienne idole des yé-yé, définitivement respectée. Rien de scandaleux là-dedans. Eddy le humble, dont on dit même qu'il aurait refusé de confier ses cahiers d'écriture aux éditions Textuel pour un recueil de manuscrits, se voyant mal trôner entre Les Manuscrits de Georges Brassens et ceux de Nougaro. Car Eddy modère: «Attention, ce n’est que de la chanson. Et puis c’est putassier une chanson, c’est fait pour attraper des gens en trois minutes». Lui qui, textuellement parlant, est une gâchette hors-pair, refuse, sans fausse modestie, d'être «mis sur un piédestal : les pigeons vous chient dessus». Bien vu. Eddy qui balance : «La jeune chanson française, tellement loin de Bashung [qu'il a connu, rappelle-t-il, "quand il imitait Tom Jones et qu'il était produit par Dick Rivers"], m’emmerde. Ça me rappelle la TSF de mes parents.» Cruel et rock. Mais Eddy, le lecteur, lui, se hasarde: «[Maupassant], c’est d’une telle méchanceté que c’est d’aujourd’hui. Flaubert, c’est de la branlette et Zola, c’est prise de tête. Mais Maupassant, c’est bien campé, ça va à l’essentiel, c’est clair, c’est du Chandler.» Là, c'est Schmoll qui tourne (bête et) méchant. «Il ne faut pas toucher aux idoles : la dorure en reste aux mains» lit-on dans Madame Bovary. Que Claude Moine, malgré son formidable talent de parolier, écrive déjà comme Flaubert ou Zola, ce ne sera pas mal !
Baptiste Vignol
Baptiste Vignol