Que reste-t-il d'Henri Tachan?


Que reste-t-il d'Henri Tachan? Deux centaines de chansons, violentes, charpentées, parmi lesquelles des chef-d'œuvres (La table habituelle, Ma mère, Les z'Hommes, Pas vieillir, pas mourir, Entre l'amour et l'amitié, etc.) qu'illustrèrent en 1979 Cabu, Gébé, Reiser, Willem et Wolinski. L'ensemble de sa discographie vient d'être rééditée en une intégrale soignée.
Mais Tachan, c'était d'abord la scène. Qu'il a décidé d'arrêter, après 35 ans de tournées. Henri Tachan, ou le charisme des chanteurs à l'ancienne, ceux qui donnaient tout, à la Brel, simplement accompagnés d'un piano et d'une contrebasse. Jacques Brel disait d'ailleurs de Tachan : «Mesdames, le lion est lâché.»
Depuis quelques années, Tachan coule des jours heureux dans le sud de la France.


Pas plus tard qu'hier, pour chercher la définition exacte du «lit d'une rivière», je consultais le Robert Culturel en 4 volumes d'Alain Rey et trouvai dans la partie du mot consacrée au «meuble destiné au repos, au coucher, aux activités sexuelles», l'illustration textuelle suivante : «Entre l'amour et l'amitié, il n'y a qu'un lit de différence, / Un simple pageot, un pucier, où deux animaux se dépensent […]» (Henri Tachan, L'Amour et l'Amitié).
Henri Tachan sait-il seulement qu'un fragment de son œuvre figure dans un dictionnaire qui fait autorité? Un juste retour des choses pour un homme qui n'a jamais écrit ni chanté pour passer le temps.

Baptiste Vignol