Présenté le 29 août 2025 au festival du film francophone d’Angoulême, « Véronique » est un film étonnant, tout en impudeurs bouleversantes, au fil duquel, par le biais de documents sonores et visuels collectés dans les archives personnelles de l’artiste et les trésors de l'Ina, son réalisateur, Tom Volf (connu pour ses autres films sur Maria Callas), se glisse avec une infinie délicatesse dans la voix de Véronique Sanson, son souffle, sa sensibilité et ses chansons-miroir pour raconter en son cœur la vie d’une femme éprise de liberté. Une vie western en vérité, franchement « rock’n’roll », où les flammes envoutantes de la passion, le goût de l'aventure, « l’appel du large » dit-elle, l’amour en fait – mais l’amour à tout prix, quoi qu’il en coûte, jusqu’à l'irréparable –, furent l'unique boussole d’une musicienne pour qui, par-delà les ruptures, la fidélité, celle du cœur et de la mémoire, est un maitre mot. Au gré d’un montage ciselé et d’un sens inouï de la narration, ce film musical que le public, ce 29 août, a longuement applaudi, marque les esprits car il sublime, comme cela n’a sans doute jamais été fait pour aucun artiste, une œuvre orageuse, sanguine, brodée d’or et de larmes qui demeure, avec celle de Barbara, parmi les plus belles, les plus crues et les moins formatées qu’une chanteuse francophone ait pu composer. Cette plongée presque charnelle, tout à la fois poignante, profonde et coruscante, n’a pas fini d’émouvoir ! Et d’interroger. Car elle est aussi et peut-être d’abord un témoignage d’une implacable intemporalité.
Baptiste Vignol