C’est un disque scintillant, BLASON, où Nicolas Comment, de son timbre grave tout en volupté, dresse et de manière détaillée l’éloge mélancolique de quelques idoles et modèles sous la forme d'adamantins portraits chinois sur lesquels officient les voix délicates de Brisa Roché et de Milo McMullen ; ainsi la peintre et poétesse Nahui Olin dont Comment, dans le recueil publié en parallèle du CD, montre une magnifique photographie datant de 1925 d’où surgissent comme une foudre ses «fatals yeux de chat» ; ainsi la divine Nico («C'est sur la terre astrale / De la blanche Ibiza / Que l'icône de Christa / ... se brisa»); ainsi les amants de la Beat, la Beat Generation («Dans vos veines bleu ciel coulait le vif-agent : / Ne plus s’agenouiller devant le dieu argent / Ayant fait à peu près le vœu de pauvreté / Vous vous portiez garants de l’âpre liberté…») ou bien encore Wanda von Sacher-Masoch (« De colères enflammées / En langueurs consumées / Ma féroce despote / Aux jambes qui pivotent / Et… cillent / Étire tes beaux membres / Sur l’ottomane tendre / Et damassée de rose / Où ton sexe en symbiose / Brille.» Mais c’est avec Hanel, cette chanson idéalement interprétée par Milo, et par laquelle l'auteur ressuscite Hanel Koeck, Allemande «aux yeux d'aigue-marine» que Pierre Molinier shoota, entre autres choses, à Bordeaux, que Nicolas Comment tutoie la grâce, paroles et musique : «Dans des postures osées / Ajustant ses bas dix deniers / Devant les yeux de Molinier / Hanel contre quyelques deniers / (Inutile de le nier) / Tend de ses joues les fossettes / Au 7 de la rue des Faussets.» Histoires de l'art.
Chansons fatales
Baptiste Vignol