Julien Doré a peu de chose à dire, souvent rien, mais en plus il le chante mal, sur ce même air lancinant qui plait tant aux Inrockuptibles. Sa «nouvelle» chanson Le Lac, sensée catapulter son prochain album, est un condensé de fades promesses («T'aimer sur le bord du lac / Ton cœur sur mon corps qui respire…»), d'espoirs futiles («Pourvu que les hommes nous regardent / Amoureux de l'ombre et du pire») et de sentimentalités brouillonnes («Si demain tu regrettes le miroir écorché / Que le lac te reflète, promets-moi d'oublier»), où le souffle est celui d’un Christophe enrhumé. Et puis il y a le clip ! Qui propose, selon les Inrocks, de «magnifiques paysages». Et alors? On y voit surtout Doré fidèle à lui-même, surjouer l'aventurier de pacotille qui, lancé, à moto, sur une plage déserte, trouve quand même le moyen de porter un casque! Un casque Torx et doré... Passons. Sinon, quand il a quitté sa monture et qu'il pose à l'image, fixant l'horizon, le chanteur, forcément, écarte les avant-bras, figé dans une attitude à la statuaire antique. Un peu de mâchoires crispées, de sourcils éloquents et beaucoup de cheveux au vent. Le dénouement peut alors éclater. En mini coup de foudre. Voilà Pamela Anderson qui lui montre ses jolies dents, et ses faux ongles de rombière. Tout est dans cette vulgarité là, sans une once d'humour. Du clip pour société bien assise.
Baptiste Vignol