«Après le ciné, tout le monde se met à parler chanson!» me disait hier Christophe Ernault, le créateur de Schnock, cette revue qui, la première, sous la plume d'Alister, s'est mise, dès son n°1, en juin 2011, à traiter enfin la variété avec ton, décontraction et modernité - on y trouvait au sommaire l'enquête «Comment j'ai raté mon interview d'Eddy Mitchell?» (12 pages) + une critique savoureuse du 33 tours IDIOTE JE T'AIME de Charles Aznavour sorti en 1972.
Ernault a raison, et depuis quelques mois les parutions se bousculent! Relevons tout d'abord le carton du moment, l'indispensable «Anthologie des bourdes et autres curiosités de la chanson française» au sein de laquelle manquent peut-être, rayon «Raretés», l'inouï Clitoris Melba de Marie-Josée Vilar ainsi qu'une ou deux sucreries d'Annabel Buffet… De son côté, Sarah Dahan, dont la quatrième de couv' précise qu'elle est journaliste pour Brain Magazine, Les Inrockuptibles et GQ, vient de publier «Je vais pas me taire parce que t'as mal aux yeux», sous-titrée «Autopsie de la chanson française». Drôle par moment, chipie souvent, Sarah, c'est son problème, n'aime visiblement pas assez son sujet pour en faire un bouquin qui tue. Recensons aussi l'énième histoire du Top 50 racontée par Thomas Joubert, qui n'enseigne rien de nouveau mais rappelle qu'en vingt années de carrière, Jean-Jacques Goldman, chanteur et auteur-compositeur pour d'autres interprètes, y aura placé une soixantaine de morceaux! Enfin, «100 chansons censurées» d'Emmanuel Pierrat et Aurélie Sfez sorti en septembre 2014 avec le soutien de Radio France. Bel objet mité d'approximations qui le rendent tout à fait dispensable. Un livre, ça s'écrit, et puis ça se relit avant d'être corrigé; ça demande du travail. Page 27, les auteurs évoquent L'Espionne de Ricet Barrier aux paroles, parait-il, «trop voluptueuses pour échapper à la censure.» Tiens donc! Hélas, outre un vague portrait de Ricet, le lecteur n'apprendra rien du contenu prétendument grivois de cette chanson… Un peu plus loin, pour Déshabillez-moi, Emmanuel et Aurélie affirment: «c'est le compositeur Gaby Vel qui l'a proposée à Gréco». Bon, alors… Comment dire? La personne qui signa la partition de ce véritable standard était de sexe féminin, ne s'appelait pas Gaby Vel mais Gaby Verlor, laquelle écrivit les musiques d'autres succès tels que C'était bien (Au petit bal perdu) ou Ma petite chanson pour Bourvil!
Ernault a raison, et depuis quelques mois les parutions se bousculent! Relevons tout d'abord le carton du moment, l'indispensable «Anthologie des bourdes et autres curiosités de la chanson française» au sein de laquelle manquent peut-être, rayon «Raretés», l'inouï Clitoris Melba de Marie-Josée Vilar ainsi qu'une ou deux sucreries d'Annabel Buffet… De son côté, Sarah Dahan, dont la quatrième de couv' précise qu'elle est journaliste pour Brain Magazine, Les Inrockuptibles et GQ, vient de publier «Je vais pas me taire parce que t'as mal aux yeux», sous-titrée «Autopsie de la chanson française». Drôle par moment, chipie souvent, Sarah, c'est son problème, n'aime visiblement pas assez son sujet pour en faire un bouquin qui tue. Recensons aussi l'énième histoire du Top 50 racontée par Thomas Joubert, qui n'enseigne rien de nouveau mais rappelle qu'en vingt années de carrière, Jean-Jacques Goldman, chanteur et auteur-compositeur pour d'autres interprètes, y aura placé une soixantaine de morceaux! Enfin, «100 chansons censurées» d'Emmanuel Pierrat et Aurélie Sfez sorti en septembre 2014 avec le soutien de Radio France. Bel objet mité d'approximations qui le rendent tout à fait dispensable. Un livre, ça s'écrit, et puis ça se relit avant d'être corrigé; ça demande du travail. Page 27, les auteurs évoquent L'Espionne de Ricet Barrier aux paroles, parait-il, «trop voluptueuses pour échapper à la censure.» Tiens donc! Hélas, outre un vague portrait de Ricet, le lecteur n'apprendra rien du contenu prétendument grivois de cette chanson… Un peu plus loin, pour Déshabillez-moi, Emmanuel et Aurélie affirment: «c'est le compositeur Gaby Vel qui l'a proposée à Gréco». Bon, alors… Comment dire? La personne qui signa la partition de ce véritable standard était de sexe féminin, ne s'appelait pas Gaby Vel mais Gaby Verlor, laquelle écrivit les musiques d'autres succès tels que C'était bien (Au petit bal perdu) ou Ma petite chanson pour Bourvil!
(Gaby Verlor)
Poursuivons néanmoins les explications de Sfez et Pierrat: «Robert Nyel, auteur des paroles de la chanson, écrit le texte à un moment où il est sous le charme d'une danseuse de cabaret… une strip-teaseuse, pour dire les choses plus crûment [c'est vrai que c'est plus crû…]. Il en est fou, le monde entier n'ignorera bientôt plus rien de sa passion.» Né en 1930, Robert Nyel est toujours vivant. Marié, il habite Grasse où il aime peindre la Méditerranée. Je l'ai donc appelé pour qu'il m'en dise davantage sur ce béguin. Après en avoir rigolé, Robert a précisé: «C’est dégueulasse et gênant. J’ai toujours pris soin de choisir mes amitiés et mes amours, et je n’apprécie pas qu’on me les impose! Les gens ne savent rien, mais se permettent d’affirmer n’importe quoi, sans rien vérifier. On vit dans un monde de l’à-peu-près.» Quand un thème devient à la mode, il se retrouve trop souvent traité par-dessus la jambe. C'est bien le hic. Pour ce qui me concerne, comme je n'ai pas tellement de temps à perdre, j'ai stoppé la lecture à la page 40 de cet inventaire qui en contient cent-quatre-vingt-dix.
Baptiste Vignol