Reyel! Au rapport!

Par Vincent Baguian.


J’aimerais parler comme Fabrice Lucchini. Avoir sa verve, son talent d’improvisation, son style si particulier d’orateur qui élève ceux qui l’écoutent. Je suis jaloux. Il y a 1000 fois plus de talent et d’intelligence dans une envolée de Fabrice Lucchini que dans un texte de Colonel Reyel. J’ai découvert récemment ce... "chanteur" ? Et Aurélie, une de ses prétendues chansons. Quelle misère. Il faut n’avoir regardé que « Confessions Intimes » toute son existence et n’avoir jamais ouvert le moindre livre pour se limiter à de telles inepties balancées avec si peu d’esprit. On ne s’attaque pas à sujets aussi graves que l’avortement ou la maternité à 16 ans, quand on la capacité d’analyse d’un bulot. Mais il fallait déjà manquer de beaucoup de lucidité pour oser présenter des textes qui cumulent une telle indigence et une aussi criante pauvreté poétique. Évidement, certains m’opposeront que chacun a bien le droit de donner son avis et que le Colonel auto gradé est légitime à se faire écouter. Et là je réponds NON ! Il y a des avis inutiles. Il en est même d’absurdes, de dangereux, néfastes, révoltants. Ce Colonel n’a pas d’opinion, pas de raisonnement, il a peut-être un instinct et débite des mots dont il ignore le sens au service d’idées qui n’en sont pas. Il confond être de bonne foi et être compréhensif, du coup tout est faussé. Quand Fabrice Lucchini pourrait se permettre d’écrire comme il parle, Colonel Reyel ferait mieux de ne même pas oser parler comme il écrit. L’absence totale de point de vue, de décalage, d’images, d’inspiration, de travail, aurait suffit de la part d’un auteur censé à remiser ce texte, au pire dans un tiroir, au mieux dans une poubelle. Mais malheureusement ces absurdités sont à la fois produites, publiées et diffusées à l’envi sur nos ondes, déversant un flot de sottises dans l’esprit des auditeurs les plus perméables.
Bien entendu si l’enfant d’un programmateur télé ou radio, joli bobo citadin, tenait des propos équivalents dans le cadre familial, il est à parier qu’il se ferait expliquer la vie ou remonter sérieusement les bretelles. Mais polluer l’esprit d’enfants moins favorisés au nom de l’audimat et des bénéfices qui en découlent, j’en vois que cela ne dérange pas trop. Pour faire semblant de se rattraper, ces mêmes bobos, obéiront aux ordres de censure à l'encontre d’Orelsan parce qu’il est subversif, cru, décalé, incisif, provocateur et que cela s’entend. À côté, les perles insidieusement nauséabondes qu’enfile Reyel semblent inoffensives. C’est tout le contraire et le danger est là comme avec un poison incolore, inodore, intraçable qui s’insinue dans les neurones. Reyel et ses complices ne seront jamais inculpés d’avoir conforté une ado de 16 ans dans son désir d’enfant, alors qu’elle en est encore une et qu’elle ferait mieux de désirer un avenir. Trop occupés à compter leur pactole pour se soucier du sort d’Aurélie qu’ils auront aiguillé sur la mauvaise voie, cette bande d’irresponsables cherchera à réitérer le hold-up, quitte à faire d’autres victimes. Le second degré d’Orelsan est censuré malgré l’indéniable talent de ce trublion, à cause de mots grossiers qui choquent et d’idées qui provoquent, quand le degré Zéro du Colonel est plébiscité. Accepter que la parole des artistes devienne aussi outrageusement nuisible quand elle serait censée nous ouvrir des portes de salut, quelle perte incommensurable. Où sont tous ces maîtres de la chanson aux idées larges, belles, enivrantes, folles, sages, réfléchies, posées, nouvelles, ambitieuses, révolutionnaires, vives, libératrices et qui m’ont sauvé la vie ? S’il te plaît Pierre Desproges, reviens, y’a du boulot.

Vincent Baguian.


Aurélie
(Colonel Reyel)


Elle est en seconde dans un lycée de banlieue,
Sort avec un mec de son quartier depuis peu,
Il est comme elle aime c'est a dire un peu plus vieux,
Il a l'air amoureux, ils ont tout pour être heureux...

Elle l'a jamais fait elle attendait juste le bon gars,
Là elle se dit " bingo " ils sont seuls dans la Twingo,
Donc ça va swinguer, elle enlève son tanga
Et réussit le ace comme Tsonga

Oui mais voilà, neuf mois plus tard,
Il assume pas et se sauve comme un bâtard,
Elle a découvert qu'en fait il est fêtard,
Résultat elle se retrouve seule dans cette histoire.

[Refrain]
Aurélie n'a que 16 ans et elle attend un enfant,
Ses amis et ses parents lui conseillent l'avortement,
Elle n'est pas d'accord, elle voit les choses autrement,
Elle dit qu'elle se sent prête pour qu'on l'appelle "maman"
Celui-ci c'est,
Pour toutes les Aurélie,
Celles qui ont donné la vie
Pour toutes les Aurélie
Oy Mère à tout prix.

Je peux te dire que toute sa vie elle se rappellera,
Elle se rappellera le jour où elle l'annonça,
Où elle l'annonça à sa mère et son papa,
Elle annonça qu'elle était enceinte de 3 mois.
Elle ne s'attendait pas à ce qu'ils sautent de joie,
Mais elle espérait quand même qu'ils fassent preuve de bonne foi,
Le moins que l'on puisse dire c'est que se ne fut pas le cas
Et la galère commença...

[Refrain]

Elle a du construire très rapidement un foyer,
Faire face a ses responsabilités pour le loyer,
Trouver un travail coûte que coûte pour le payer,
Elle aura tout essayé...

Comme on dit dans les quartiers, elle s'est saignée,
Pour trouver quelqu'un qui veuille bien la renseigner,
Je crois qu'on n'est pas VIP comme Mathilde Seigner,
De ne pas lâcher l'affaire ça lui a enseigné, ooh

On a tous connu une fille dans le cas d'Aurélie,
Une pour qui grossesse est synonyme de délit,
Rejetée par ses amis mais surtout sa famille,
Qui n'acceptent pas qu'elle souhaite donner la vie,
Voila ce que je dirais si je devais donner mon avis,
Mettre un enfant au monde ne devrait pas être puni,
C'est la plus belle chose qui soit et si tu le nies,
C'est que tu n'as rien compris...