Dix-sept ans après CE SOIR C’EST MOI QUI FAIS LA FILLE, Vincent Baguian sort enfin son quatrième album, LA CLASSE DU DERNIER DE LA CLASSE. L’occasion d’offrir la chance à celles et ceux qui l’ignoreraient – ils sont hélas fort nombreux – de découvrir qu’il est un auteur de haut vol. En vérité, parmi les paroliers qui pourraient encore répondre « Présent ! » à l’appel d’un Brassens qui, de là-haut, recenserait les auteurs vivants dignes de considération, Baguian aurait sa place près d’un radiateur aux côtés des Souchon, McNeil, Renaud, Cabrel, Le Forestier, Sheller ou Biolay dont il est un digne confrère. Nul aujourd’hui n’écrit mieux qu’eux dès lors qu’ils le font pour chanter eux-mêmes et donc qu’ils parlent d'eux. Et celui qui signe ces lignes à l’humble prétention de connaitre un peu son sujet. « Je ne suis quand même pas le pire / De toute la variété française / J’ai bien des noms mais j’peux rien dire / Ça se paie trop cher dans le show baise… » s’amuse Baguian (en prétendant s’affliger de son insuccès en tant qu'interprète) dans Le Carton qui ouvre ce disque brillant d’intelligence, d’humour, d'amour et d’impertinence taillées au scalpel de la rime barbelée d’or. Très, très loin des bons sentiments et des envolées opportunes. Il y a vingt ans, Vincent Baguian faisait la première partie de Claude Nougaro à l’Olympia. Juste avant que Baguian n’entre en scène, l’homme de Toulouse, au micro, priait le public: « Écoutez le bien, c’est un écrivain de chansons. » L’aurait-il dit de Vianney? Pas sûr.