Son dernier disque en date est sorti fin 2013 dans un silence médiatique incompréhensible — S'enfuir à deux par exemple, Je ris encore ou Les emmerdements avaient tout du single radiophonique, sec et lucide; mais un tube aujourd'hui, c'est forcément un truc mielleux chanté par une Céline Dion ou par un Julien Doré dont on se lasse des simagrées avant même d'avoir terminé l'écoute... Composé de dix chansons à l'étoffe inusable, l'album s'intitulait LA MORSURE — bon titre tant c'est précisément l'effet que procure sa voix juste et sans manière, tranchante comme un canif. S'il s'était adjoint les services de Miossec pour quatre morceaux du CD, c'était pure coquetterie puisque Fred Métayer a l'écriture folk et frondeuse qui colle à son personnage, celui du passager mal à l'aise dans la foule, toujours en partance, et dont les blessures personnelles autant que la rébellion contre une société qui vous broie semblent être le moteur. Ses chansons demeurent donc de courts récits de voyages et d'amours épineuses portées par des musiques assez venteuses et bien gaulées pour échapper à la cuculisation généralisée. Aujourd'hui installé en Tunisie, Fred Métayer explorerait de nouveaux champs musicaux dans un projet dont le nom laisse rêveur: «Couscous pop». Nous patienterons.
Baptiste Vignol