LE FILM de Katerine, beaucoup de branlette pour pas grand chose. «Une goutte de sperme», comme il le chante lui-même ici. On attendait tant du Nantais, il avait tout pour devenir immense. Le plus grand de sa classe. Ses huit premiers albums traçaient une trajectoire presque idéale, imprévisible, des MARIAGES CHINOIS (1991) à ROBOTS APRÈS TOUT (2005). Mais à coups d'éloges affectés auxquels, étonnamment, il a dû finir par croire, «t'es un génie», ce genre, Katerine est tombé dans l'improbable caricature, s'égarant dans des bidules ineptes déifiés par deux ou trois rédacteurs pansus qui n'en peuvent plus de penser à la marge. Pas vraiment le meilleur moyen d'avoir de la suite dans les idées. Après l'avoir consacré «culte», «le seul disque à ne pas oublier dans sa valise pour les vacances», les Inrocks classent aujourd'hui MAGNUM, l'énorme bouse de Katerine sortie en avril 2014, comme un «gros esquimau electro-disco qui fondit vite en mémoire»… Allez comprendre. Bon, deux chansons du dernier disque émeuvent, la seizième et dernière, Moment parfait, qui porte bien son titre, et Papa. Sinon, oui, il y a des idées, des sourires qui s'esquissent, mais ce vide abyssal côté mélodies! Même pas «underground»… Comment s'étonner dès lors que Barclay lui ait rendu son contrat? Avec 1300 exemplaires vendus la première semaine, puis 600 en deuxième, son ancien D.A., tout à ses comptes, ne doit pas regretter son choix. N'ayant rien produit de valable depuis plus de dix ans, cet ancien fou chantant a perdu son public. Tant pis pour lui.
Baptiste Vignol