Sorti en septembre 2015, l'album s'appelle SALTOS, peut-être parce qu'il raconte des histoires périlleuses parfois, mais où le narrateur (dix chansons sur douze sont écrites à la première personne du singulier) ne perd jamais pied, même lorsqu'il se transforme en… chaise (Une autre fois)! La pochette du disque montre une peinture de Thomas Lévy-Lasne. Dépliée, on y voit Perez dans une piaule en bazar, MacBook sur le parquet, éclairé par une lumière blafarde tandis qu'à côté, dans une pièce voisine, de jeunes gens dansent, boivent et s'embrassent dans une pénombre bleutée. Les chansons de Perez ont le charme immédiat de la nouveauté, quand on peut encore en espérer le bonheur avant qu'elle ne dévoile à nu, ses vêtements tombés au sol, l'éternelle monotonie de la passion dont parlait ce cher Flaubert. Tout flamboie ici, la voix, ronde et sûre, les musiques moelleuses, électriques et sexy, les chœurs, sensuels, les mots, modernes et choisis, l'écriture, terre à terre, narrative, sans ce petit égoïsme tranquille qui mine tant d'inspirations aujourd'hui… Les enfants nés à l'aube des années 2000 auraient-ils enfin trouvé leur Bashung, leur Christophe, leur Daho ? Que Julien Perez, 29 ans, ne figure pas parmi les nominés des prochaines Victoires de la Musique montre à quel point ce métier marche sur la tête.
Baptiste Vignol