«Je fais l'amour avec des ex qui s'excusent de m'avoir jetée…» Iconoclaste Circé Deslandes, tellement limpide qu'elle se dévoile toute entière dans des chansons sanguines et décadentes comme dans ses clips olé olé puisque le reflet de ses chairs n'effarouche pas sa pudeur. ŒSTROGÉNÈSE, ce mot astucieusement inventé (le dérivé d'œstrogène étant œstrogénique, n'est-ce pas?), baptise un album étonnant dédié au plaisir, au désir et ses impulsions. Guidée par ses idoles que sont Lolita, Marilyn et Bardot, Circé Deslandes, parce qu'elle avait quinze ans début 2000, séduit sans avoir à tourner autour des mots. Comme nulle ne le chante aujourd'hui, cette jeune femme moderne parle cru, de «bite» ici, de «boules» là, de «trous», de «cul», d'odeurs qui sentent aussi le remugle parfois et d'impatiences fondamentales avec dans la voix une langueur jamais monotone. «Je veux bien me fendre en deux/ Pourvu que ce soit dans tes yeux.» Qu'est-ce alors sinon de l'amour intégral? Voici sur un disque d'enfer quatorze bulles de rêves, de silences et d'espoirs («Il est là, le soleil!»...). Du nectar.
Baptiste Vignol