Faut-il brûler Orelsan? Éteinte il y a déjà plus de deux ans en France, voilà que la controverse renaît de ses cendres en pays mascarin, à onze heures d'avion de Paris. Depuis que le rappeur est à l'affiche du Sakifo 2012, des pétitions circulent, des intellectuel(le)s s'indignent et les comparaisons vont bon train: Bertrand Cantat ici, Louis-Ferdinand Céline par là, sans oublier Adolf Hitler ! La Région menacerait maintenant de supprimer sa subvention... N'est-il pas attristant d'avoir à rappeler qu'Aurélien Cotentin, alias Orelsan, coupable d'un morceau indigeste, n'a pas de sang sur les mains? L'immense majorité des Réunionnais, elle, se fiche bien de cette mêlée tandis que les fans de rap et de chanson française, ils sont quelques milliers, espèrent pouvoir applaudir comme prévu celui dont le dernier album, LE CHANT DES SIRÈNES sorti fin 2011, a bluffé les médias. Car le show d'Orelsan mérite le détour ! Carré, dansant, drôle, cru, émouvant, Orelsan est un rappeur d'élite. Il vise juste, se joue des clichés, dépeint l'époque avec une exactitude éclairante et musicalement défriche le genre en s'adjugeant sur scène les services d'un batteur et d'un guitariste. La polémique qui agite aujourd'hui le Landerneau culturel réunionnais n'a pas lieu d'être puisqu'au final la raison arbitrera ces querelles. Rendez-vous donc le 3 juin 2012 pour un set du tonnerre qui s'annonce déjà comme l'un des sommets du festival phare de l'océan Indien.
Baptiste Vignol