Pauvre Bénabar. 43 ans, six albums depuis 1997, un rôle au cinéma (Incognito, 2009), mais une réputation fripée, et un nouveau titre-riposte sur lequel chacun s'acharne de conserve, jusqu'à Benjamin Locoge qui dans Paris-Match dégaine: «Le chanteur démarre très mal son nouveau disque avec un "Politiquement correct" faussement provoc, totalement démago». Diable! Mais de quoi s'agit-il? Quelle frontière a-t-il franchie pour mériter le fouet?
Un parolier (à succès), dont le nom sera tu puisqu'il s'agit d'un courriel privé, m'explique: «C'est pathétique, voilà que l'engagement du monsieur consiste à dire qu'il est politiquement correct et qu'ils nous emmerde. Il va mettre dans son camp tous les petits inconséquents du quotidien, c'est-à-dire beaucoup de monde. Au rang des chansons qui ont l'air de dire des choses en ne disant rien, elle mérite le pompon. Je ne peux ouvertement ouvrir ma gueule, on m'accuserait de tout. Mais mon dieu, le boboïsme est un fléau.»
En bref, un tableau grossier et désespérant de la variété française des années 2010.
Qu'ajouter? Une écoute distraite de ce morceau mollasse suffit à constater le pire: dès qu'il s'agit de faire dans le badinage, en persiflant ici, sur le mode parlé, pour surligner l'ironie du propos, «et moi j't'emmerde !» [1'30], Bénabar se montre aussi piètre interprète qu'il est un mauvais comédien. À moins d'en faire une lecture savante et que sa chanson - ce serait fortiche ! - ne soit qu'une satire, autrement dit un texte en vers où Bénabar attaque les vices, les ridicules de ses contemporains. Une opportune porte de sortie.
Baptiste Vignol
Un parolier (à succès), dont le nom sera tu puisqu'il s'agit d'un courriel privé, m'explique: «C'est pathétique, voilà que l'engagement du monsieur consiste à dire qu'il est politiquement correct et qu'ils nous emmerde. Il va mettre dans son camp tous les petits inconséquents du quotidien, c'est-à-dire beaucoup de monde. Au rang des chansons qui ont l'air de dire des choses en ne disant rien, elle mérite le pompon. Je ne peux ouvertement ouvrir ma gueule, on m'accuserait de tout. Mais mon dieu, le boboïsme est un fléau.»
En bref, un tableau grossier et désespérant de la variété française des années 2010.
Qu'ajouter? Une écoute distraite de ce morceau mollasse suffit à constater le pire: dès qu'il s'agit de faire dans le badinage, en persiflant ici, sur le mode parlé, pour surligner l'ironie du propos, «et moi j't'emmerde !» [1'30], Bénabar se montre aussi piètre interprète qu'il est un mauvais comédien. À moins d'en faire une lecture savante et que sa chanson - ce serait fortiche ! - ne soit qu'une satire, autrement dit un texte en vers où Bénabar attaque les vices, les ridicules de ses contemporains. Une opportune porte de sortie.
Baptiste Vignol