"Pas mal"


De la honte d'être invité chez Laurent Ruquier malgré soi

par Vincent Baguian

Il y a quelques temps de cela, un ami m’appelle tout content, pour me signaler que je viens de passer dans l’émission de Laurent Ruquier, On n’est pas couché. Ça m’étonnerait beaucoup ai-je vite fait de lui répondre. Le syndrome de la maladie d’Alzheimer n’a pas encore été diagnostiqué chez moi. Je n’ai jamais été invité dans aucune émission de Ruquier, pour aucun de mes 4 albums, ni pour les disques que j’ai pu enregistrer au profit de l’association Sol en Si, ni pour les textes de Mozart l’Opera Rock coécrits avec Dove Attia, ni pour autre chose, jamais pour rien, alors…
Si, si, il a parlé de toi et il t’a même montré à l’écran m’assure in petto cet amical ami. Du reste je t’envoie le lien internet ou tu pourras découvrir tout cela de tes propres yeux. Des yeux qui servent à pleurer quand on se sent humilié. Et des oreilles obligées d’entendre car n’étant pas dotées de paupières qui se ferment de honte.
Oui, j’étais effectivement trahi dans cette émission. L’invité en plateau était Colonel Reyel. Et en guise d’hommage à ma carrière, pour mon premier passage dans son show télé, Laurent Ruquier décidait de faire savoir en mon absence à quelques millions de spectateurs, ainsi qu’à ce pauvre Colonel, un peu du mal que j’avais écrit sur lui. Voilà donc mon « fait » de gloire ? Oui, j’avais ma photo sur le plateau de Ruquier pour avoir déclaré sur un blog personnel que, dans ses textes, « Colonel Reyel avait la capacité d’analyse d’un bulot ».
Laurent Ruquier qui aime certainement la télévision autant que lui même, imagine sans doute qu’être cité dans l’une de ses émissions est un honneur dont je devrais lui rendre grâce. C’est exactement l’inverse. Et si jamais cet article, comme le précédent, venait à sa connaissance, je ne veux pas rater l’occasion de l’informer de l’humiliation qu’il m’infligeât. Puisque le discernement du présentateur vedette semble altéré par la lumière aveuglante des projecteurs, voici la réaction d’un homme ordinaire..
Premièrement : Je n’ai rien déclaré à la presse, à l’inverse de ce vous avez affirmé. Je m’étais contenté d’écrire un article sur mon blog. Je réserve mes petites chroniques à mes amis virtuels. Je pense en artisan et je vous laisse le lynchage médiatique à grande échelle. Je n’ai pas besoin de faire d’audience, cela me laisse le loisir d’une certaine élégance. Si vous aimez dire en face aux artistes que vous n’aimez pas leur travail, volez de vos propres mots.
Deuxièmement : À la télé on peut trouver percutant d’isoler la petite phrase qui fait mouche. Mais réduire mon raisonnement au fait que j’accuse Reyel d’avoir une analyse de bulot, c’est me faire penser moi même comme une moule. Et je déteste que l’on puisse me prêter si peu d’esprit quand je me donne tant de mal, y compris pour respecter celui que je critique.
Troisièmement : Laisser Reyel ( au nom de la notoriété qui a plus de valeur que tout à la télévision ) s’enorgueillir du fait que je le connaisse alors qu’il ne me connait pas, quelle vexation. Si j’avais pu au moins lui répondre de vive voix qu’il suffisait de parcourir ses textes pour obtenir la certitude que je n’étais pas le seul auteur qui manquait à sa connaissance… Mais non, vexation supplémentaire, il a fallu vous entendre commenter «Vous devriez écouter, Baguian, c’est pas mal». Oh ! Merci cher animateur ! Savez-vous combien je me serais mille fois mieux accommodé de votre désintérêt persistant à mon endroit plutôt que de ce petit « pet médiatique ».
Quatrièmement : Vous devriez engager en matière de chanson des chroniqueuses bien plus éclairées. Elles auraient dit à peu près ce que j’avais écrit pour servir le débat et la tenue de votre rubrique aurait été plus digne que le verbiage informe qu’elles nous servirent. Si la compétence ne vous effraye pas et ne dessert pas vos enjeux commerciaux, je peux vous indiquer des noms.
Pour finir : Je vous dois désormais d’être contacté par certains de vos collègues. Ils aimeraient me voir balancer dans le petit écran sur ce Colonel. Au lieu de parler de tout ce que j’aurais pu faire de bien, ils attendent de moi tout le mal que je pourrais éventuellement dire. C’est grâce à vous que je déteste que l’on s’intéresse à moi pour de telles raisons. Si par hasard on me contactait également pour commenter l’article que je viens d’écrire et qui vous met en cause, l’idée d’accepter pour vous renvoyer la balle de l’humiliation sera tentante.
Vincent Baguian

Ici la vidéo (à 11 min 15)