Recherche Cédric Atlan désespérément


Tombé avant-hier sur ÉLÈVE INDISCIPLINÉ, PENSE TROP AUX FILLES (2003), le premier disque de Cédric Atlan. Dix pop-songs quasi-exemplaires, lumineuses, sexy ("Alors elle m'embrasse enfin/ Et m'embrasse encore, encore et encore..." Tort), entêtantes, concernées ("Le mollah Omar, Oussama, jamais, ne se sont cachés/ C'était caché, c'est pas bien" Q.I.), gentiment tourmentées ("Je cherche une femme-allumette/ Qu'on craque et qu'on jette/ Pour faire guili le dimanche/ Est-ce que je suis normal ?" Suis-je normal ?), citadines ("En attendant vendredi/ Enfin là, la vie, la vie redevient supportable..." En attendant vendredi) et colères ("Envie de décaler la plage/ À coups de pieds sourds dans le sable..." Nianiania), parmi lesquelles un mini-tube, Enfin on plaît aux filles, dont le refrain faisait : "D'abord on Playskool/ Puis on Playmobil/ Puis on playstation et puis cool/ Enfin on plaît aux filles", et deux véritables chefs-d'œuvre - le mot est pesé, l'irrésistible Elisabeth ("Elle est parfaite, de face et de fesses...") et À 3 grammes et demi du matin ("Je dédie cette cuite/ À toutes les petites/ Qui un jour dans les yeux/ M'ont dit “je te quitte, c'est mieux comme ça...”") dont Atlan demeurera l'éternel auteur-compositeur. Deux chansons adamantines, astucieuses, éperdument modernes qui, venues d'Angleterre, auraient fait le tour de la Terre.
C'était l'époque où l'on était quelques-uns à penser qu'Atlan et Alizée incarneraient la variété made in France post-2000. C'était avant que Julien Doré ne se fasse remarquer en reprenant Moi... Lolita une barrette (bien ouèj) dans les cheveux. Qu'est devenu Cédric Atlan ? Il avait à lui-seul la justesse, le talent et la finesse d'écriture d'une armée de juliens dorés, l'envie (peut-être) d'en découdre en moins. Le drame des surdoués.

Baptiste Vignol