Douce France


Ces gens de trop d'importance... Un communiqué vient d'annoncer que le prochain disque de Carla Bruni ne sortirait pas avant mai 2012. Nooonnn! Son agent, Bertrand de Labbey, explique: "L'imminence de la campagne présidentielle, même si elle n'a pas encore vraiment débuté, rend tout simplement la sortie du quatrième album de Carla Bruni impossible. Quoi qu'elle chante, tout un chacun portera un regard politique sur ses nouvelles chansons. Ces dernières ne passeront pas en radio sans que l'on y voie un appui déguisé à la candidature de son mari."
La proximité du pouvoir, franchement, ça monte à la tête. "Un regard politique sur ses nouvelles chansons"... Et puis quoi encore, une lecture philosophique? Quant à l'argument massue selon lequel ses chansons, "quand elles passeront [notez le futur, ces gens si sûrs d'eux...] à la radio, etc."; il faudrait encore qu'elles y soient diffusées, ce qui demeure hasardeux. Pas sûr que Carla Bruni, quarante-quatre ans, figure vraiment dans le cœur de cibles des programmateurs-radios. Il faudrait dire à Bertrand de Labbey que la jeunesse 2011, qu'elle se trouve à l'est, au nord, au sud ou bien à l'ouest des Alpes, est plutôt branchée Jessie J...
À moins que cette dépêche ne soit une astuce pour convaincre en douce les Français que malgré les déroutes électorales de la droite, les défections à l'UMP et les sondages éliminant Nicolas Sarkozy dès le premier tour de la prochaine présidentielle, le chef de l'État serait encore dans la course élyséenne. Une manœuvre qui fait pschitt et ne dupe personne car s'il est une certitude aujourd'hui, c'est bien celle de sa défaite. Carla Bruni a tort de temporiser. Les dés sont jetés. Qu'elle fredonne sans finasser ses chansons. Aussi jolies soient-elles, elles n'auront aucune incidence sur le destin de son mari qui, comme annoncé, pourra après son "job de président" "faire du fric" et mener la "dolce vita". Le joli programme, qui l'aura carbonisé.

Baptiste Vignol